Déforestation

08 Sep 2025

Quand la déforestation tropicale tue : 28 000 décès liés à la chaleur chaque année

logo

Tired Earth

Par la rédaction

La disparition accélérée des forêts tropicales ne menace pas seulement la biodiversité ou le climat mondial : elle met directement en danger la santé humaine. Une étude publiée dans Nature Climate Change révèle que le réchauffement local causé par la déforestation serait responsable d’environ 28 000 morts supplémentaires par an dans les régions tropicales.

Le poids caché de la déforestation
 
Souvent décrite pour ses effets sur la biodiversité et les émissions de CO₂, la déforestation tropicale révèle aujourd’hui un autre visage : celui d’un risque sanitaire majeur. Selon l’étude menée par une équipe internationale de chercheurs (Reddington et al., 2025), entre 2001 et 2020, la perte de 1,6 million de km² de forêts dans les tropiques a provoqué une hausse moyenne de la température locale de +0,7 °C dans les zones touchées. Ce réchauffement, directement imputable à la déforestation, représente à lui seul 64 % de la hausse totale observée.
 
 
Des millions de personnes exposées
 
Au-delà de la forêt, ce sont les populations qui souffrent : environ 345 millions de personnes ont été exposées à ce réchauffement induit. En pratique, cela signifie des journées de travail en extérieur devenues insupportables, une multiplication des coups de chaleur et, in fine, un excès de mortalité évitable. Les chercheurs estiment à 28 330 le nombre de décès annuels liés à la chaleur supplémentaire générée par la déforestation.
 
L’Asie du Sud-Est paie le tribut le plus lourd, avec près de 15 700 décès par an, principalement en Indonésie. L’Afrique tropicale suit avec environ 9 900 décès, tandis que l’Amérique latine, moins densément peuplée dans ses zones de déforestation, compte environ 2 500 morts annuels.
 
Quand la chaleur devient un risque sanitaire
 
L’exposition à la chaleur ne se résume pas à un simple inconfort : elle affecte la santé mentale, réduit la productivité et accroît la mortalité cardiovasculaire. Dans les tropiques, où les moyens d’adaptation technologique (climatisation, infrastructures de santé) sont limités, l’impact est démultiplié. L’étude souligne que dans certaines zones comme le sud de l’Amazonie ou les îles indonésiennes de Sumatra et Kalimantan, la déforestation peut expliquer plus d’un tiers des décès liés à la chaleur.
 
Un danger comparable aux épidémies
 
Les chercheurs rappellent que ces morts dues à la chaleur sont comparables en nombre à celles causées par la pollution des feux de forêts ou même, dans certains cas, au paludisme. En Afrique subsaharienne, le paludisme demeure plus meurtrier. Mais en Asie du Sud-Est et en Amérique latine, la mortalité thermique liée à la déforestation dépasse celle attribuable au paludisme.
 
Une urgence sanitaire et politique
 
Cette étude démontre que préserver les forêts tropicales, c’est aussi protéger la santé humaine. Chaque hectare détruit accroît les risques pour les communautés locales, souvent parmi les plus vulnérables socialement. Les auteurs appellent à une réorientation des politiques de gestion forestière et de santé publique, en mettant en avant le rôle des forêts comme véritables « climatiseurs naturels » pour des millions de personnes.
 
À l’heure où la crise climatique multiplie déjà les vagues de chaleur extrêmes, la déforestation agit comme un accélérateur mortel. La lutte contre la perte des forêts tropicales devient donc une question non seulement écologique, mais aussi de santé publique mondiale.

Source : nature.com


newsletter

The best of Tired Earth delivered to your inbox

Sign up for more inspiring photos, stories, and special offers from Tired Earth

By signing up for this email, you are agreeing to news, offers, and information from Tired Earth. Click here to visit our Privacy Policy.