Espèce

31 Aug 2025

Journée mondiale des primates : mettre fin au drame des singes « surnuméraires »

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Tired Earth

Par la rédaction

La Journée mondiale des primates invite à honorer nos plus proches parents dans le règne animal et à réfléchir à la responsabilité éthique que nous portons envers eux. Mais cette commémoration est assombrie par un événement choquant survenu en Allemagne : le 29 juillet dernier, douze babouins de Guinée ont été abattus au zoo de Nuremberg. Cette décision a suscité une vague d’indignation et relancé le débat sur les droits des primates, sur l’éthique de leur reproduction en captivité et sur l’usage de leurs corps à des fins prétendument scientifiques.
 
La direction du zoo a justifié cet abattage par la surpopulation de l’enclos, qui hébergeait quarante-trois animaux alors qu’il n’était conçu que pour une vingtaine. Plutôt que d’interrompre la reproduction, l’établissement a annoncé qu’il poursuivrait les naissances, soi-disant au nom de la conservation des espèces. Le directeur a lui-même admis que cette politique conduirait à un nombre « potentiellement infini » d’animaux qu’il faudrait céder… ou tuer. L’argument de la préservation s’en trouve renversé : protéger une espèce ne devrait jamais signifier condamner systématiquement ses individus.
 
Le 29 juillet, un zoo de Nuremberg, en Allemagne, a tué douze babouins considérés comme excédentaires et a donné leurs corps aux lions du zoo
 
Les défenseurs des animaux dénoncent vigoureusement cette logique. La Société allemande de droit de la protection animale estime qu’un surplus issu d’un élevage volontaire ne saurait justifier une mise à mort et considère cette pratique comme une infraction pénale. L’association Médecins contre l’expérimentation animale établit un parallèle troublant avec le sort de millions d’animaux de laboratoire : élevés en surnombre pour la recherche, puis éliminés lorsqu’ils ne sont pas jugés « utiles ». Rien qu’en 2023, plus de 1,3 million d’animaux ont ainsi été tués en Allemagne comme « surplus » du système d’expérimentation.
 
Quant aux babouins de Nuremberg, ils ont été anesthésiés avant d’être abattus par balles, présentée comme la « méthode la plus humaine ». Mais leurs corps n’ont pas été simplement éliminés : leurs têtes et cerveaux ont été prélevés pour des projets scientifiques non précisés, tandis que leurs dépouilles servaient à nourrir les carnivores du zoo. Ce type d’« utilisation » est fréquemment invoqué pour contourner la loi allemande, qui exige un « motif raisonnable » à la mise à mort de vertébrés. Or la valeur scientifique de tels prélèvements reste hautement contestée, d’autant que des méthodes de recherche modernes, non animales, existent et offrent des résultats plus fiables.
 
Un article récemment publié dans une revue professionnelle, cosigné par le directeur du zoo de Nuremberg et par des responsables d’autres parcs zoologiques allemands, discutait ouvertement du recours à la mise à mort d’animaux « surnuméraires », y compris des singes, comme outil de gestion. Ce qui laisse craindre que ce drame ne soit ni un accident, ni un cas isolé.
 
L’abattage des douze babouins révèle ainsi un problème plus profond : tant que les zoos et laboratoires continueront de reproduire des primates en excès, leurs vies seront réduites à de simples variables dans un système qui les traite comme des ressources jetables. En cette Journée mondiale des primates, il ne suffit pas de condamner un épisode isolé. Il faut changer de regard : reconnaître les droits fondamentaux des primates à vivre sans souffrance inutile, et mettre un terme au cycle de la reproduction forcée et de la mise à mort. Rompre avec ces pratiques n’est pas seulement une exigence éthique : c’est aussi une mesure de notre propre humanité.


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